J’ai voté contre le projet de révision constitutionnelle
La révision de la Constitution, notre charte commune, notre loi fondamentale, est toujours un moment fort de notre vie démocratique.
Il s’agit pour les parlementaires, les représentants de la Nation, d’une décision lourde qui engage notre démocratie sur le long terme. C’est donc avec la pleine conscience de cette responsabilité que j’ai abordé ce débat.
Changer une Constitution n’est pas un acte anodin. Les modifications adoptées ont des conséquences juridiques sur la vie des citoyens de notre pays bien au-delà des changements de majorité et des législatures qui se succèdent.
Le 16 novembre 2015, trois jours après les attentats, le Président de la République a annoncé, devant le Congrès, son souhait de faire évoluer notre Constitution.
Je me suis alors engagée à peser chaque disposition proposée à l’aune de son efficacité mais également dans le fait qu’elle ne crée pas de division entre les citoyens.
Mobilisée sans relâche durant tout le débat parlementaire, nous avons travaillé avec des collègues à renforcer le cadre et le contrôle de l’état d’urgence et à définir une mesure n’inscrivant pas la déchéance de nationalité dans la Constitution. Malheureusement notre proposition de déchéance de citoyenneté n’a pas été retenue.
C’est donc avec gravité que j’ai décidé de voter contre le texte de révision constitutionnelle.
Depuis plusieurs semaines, vous le savez, je me suis fortement opposée à l’extension de la déchéance de nationalité qui suscite de très nombreuses inquiétudes et oppositions à gauche mais également à droite.
En conscience, j’ai voté contre cette réforme, car j’estime que nous ne pouvons pas offrir de victoire symbolique aux terroristes en constitutionnalisant la déchéance de nationalité et en ouvrant ainsi une brèche dans notre droit du sol.
J’ai voté contre cette réforme, car j’estime que nous ne pouvons pas adopter dans notre constitution des mesures que d’autres majorités pourraient, plus tard, dénaturer.
J’ai voté contre cette réforme, car j’estime qu’elle ne répond pas au besoin de protection de nos concitoyens.
Ce projet divise notre pays, il blesse des milliers de personnes qui s’estiment stigmatisés. Ce débat n’a que trop duré. Il est grand temps de retirer ce texte et de nous concentrer sur les mesures qui renforcent notre cohésion nationale.