Conseil municipal de Nancy du 27 juin 2016 :
Délibération n°10 – Projet éducatif nancéien
Monsieur le Maire, chers collègues,
Je souhaiterais revenir sur un débat que nous avons eu en Conseil communautaire, vendredi, et qui concerne les écoles de Nancy. Les classes à horaires aménagés musique – les CHAM – de l’école Didion-Raugraff seront progressivement transférées vers l’école élémentaire Alfred Mézières, qui intègre ce dispositif dès la prochaine rentrée scolaire (2016-2017). Dès lors, il n’y aura plus d’entrée en CHAM CE1 à Didion-Raugraff à partir de septembre.
A écouter les acteurs du dossier, nous avons le sentiment, quand il s’agit de savoir qui a impulsé cette décision, que chacun esquive et renvoie l’initiative chez le voisin.
On la justifie, du côté de la Ville de Nancy, par une meilleure mixité sociale et par les capacités de développement qu’offrent les installations d’Alfred Mézières, dont les effectifs sont d’ailleurs à conforter. Du côté de la Communauté Urbaine du Grand Nancy, Madame DEBORD a rappelé, lors du Conseil communautaire, qu’il s’agit d’une décision de la Direction Académique des Services de l’Education Nationale, après consultation des partenaires ; ni plus ni moins.
Pourtant, cette décision a bien été motivée par des soucis d’économies de la Communauté Urbaine du Grand Nancy et votre volonté de mettre un terme au coût engendré par le transport en bus des élèves de CHAM vers le Conservatoire régional du Grand Nancy. En effet, au début de l’année 2014, vous avez annoncé la fin du financement de ces trajets qui concernaient, je le rappelle, 8 000 € sur les 55 millions alloués aux transports nancéiens.
Malgré le flou, les contradictions et les rumeurs qui ont entouré ce projet, celui-ci est désormais acté.
Nous regrettons que, dans la mesure où ce projet concerne Nancy et ses écoles, une communication et un débat n’aient pas été prévus en Conseil municipal. Se retrancher derrière la décision de la Direction académique n’est pas une réponse à la hauteur des enjeux et, dans la mesure où il y a eu concertation avec les différents partenaires, la Ville doit assumer les conditions du transfert des CHAM de l’école Didion-Raugraff vers l’école Alfred Mézières. Notre groupe a un certain nombre de réserves quant aux conditions de ce transfert.
Tout d’abord, l’absence de réelle concertation avec les parents. Les dérogations demandées pour ne pas séparer les fratries ont été refusées, contrairement à l’engagement de l’Adjoint au Maire de Nancy chargé de l’Education et des Ecoles. Aucun accompagnement n’a été proposé pour faire face à cette situation transitoire, dans l’attente du transfert complet.
Nous n’avons aucun élément concernant le projet pédagogique – prévu, je le rappelle, pour la rentrée prochaine – et son organisation : les moyens humains, matériels, les conditions de transfert des enseignants de Didion, les conditions de l’information et de la formation des équipes d’Alfred Mézières, les conditions d’accueil des CHAM dans les locaux, et la question de la campagne d’inscription aux CHAM, qui doit favoriser notamment la mixité sociale.
Une autre réserve concerne le déplacement des élèves d’Alfred Mézières vers le Conservatoire puisque, à partir de septembre, ce déplacement se fera à pieds. Nous n’avons pas du tout parlé de la question du transport des instruments par les enfants, notamment les petits du CE1 et du CE2.
A été évoqué la mise à disposition de casiers. Mais il est difficile de penser qu’un instrument se laisse dans un casier. En tout cas, il aurait fallu échanger et trouver des solutions avec les équipes enseignantes et les parents.
Enfin, vous le savez, les enseignants et les parents d’élèves sont particulièrement inquiets quant au devenir de l’école Didion-Raugraff. En effet, le transfert progressif des CHAM va engendrer la perte d’une centaine d’élèves pour l’école primaire, qui en compte à ce jour 175. C’est donc plus de la moitié de l’effectif qui, à terme, sera transféré.
La Municipalité de Nancy, via son Adjoint au Maire chargé de l’Education et des Ecoles, a démenti tout projet de fermeture pure et simple de l’établissement « dans le mandat actuel ». Pour autant, les inquiétudes peuvent paraître légitimes pour une école qui, à terme, devra fonctionner avec 4 classes en moins.
Nous nous interrogeons donc sur l’opportunité de fragiliser une école d’hypercentre-ville, au sein d’un quartier en pleine évolution dans le cadre du projet communautaire urbain de « Nancy Grand Coeur ».
Aussi, nous souhaiterions, Monsieur Le Maire, que vous nous apportiez des éléments concrets de réponse à l’ensemble de ces questions.
Je vous remercie.
L’article de l’Est Républicain du 29 juin à ce sujet :